Quelques jeunes renards,
Pour éprouver leur ruse,
Venaient souvent voir
Un vieil âne et à chaque fois l’accusent
Et le blâment pour sa race.
- Monsieur De l’Âne,
Firent-ils un jour. Au Ciel, veuillez demander grâce
Pour qu’un peu d’esprit habite votre crâne !
A nous, Il accorda des lumières avec largesse.
Criez à Lui et vous vivrez confortablement !
- Messieurs, nous autres ne survivrions pas autrement.
Répondit l’âne. La sottise est notre sagesse !
On voit bien que l’idiotie
Ne vous réussirait pas
Pas plus qu’à nous vos esprits.
Mais prenons congé, je dois terminer mon repas !
Ne sommes-nous pas aujourd’hui mardi ?
Et n’est-ce pas dans trois jours la foire ?
Allons, chers savants, à vendredi !
Le Ciel entre nous tranchera, vous pouvez me croire !
Comme convenu, au dit jour,
L’âne vint pour voir la fête,
Cherchant des yeux tout autour,
En trainant après lui sa vieille charrette.
Nulle part
Il ne vit de renard !
Mais derrière plusieurs tables,
Pas loin de l’étable,
Il vit accrochées les peaux des savants.
Et les braves marchands
Qui appelaient : « approchez ! Peaux de renards ! »
Ainsi, bien que le renard soit rusé,
Dit-on, on vend cependant plus de peaux de renards
Que de peaux d’ânes sur les marchés.
17-07-2011